Subscribe to our newsletter!

Stay up to date with the latest developments from the Centre for Living Agroecology and food Systems.

Agriculture régénérative : avancées, défis et perspectives

Retour sur la table ronde du 7 octobre 2025

Cette table ronde a réuni Damien FERRAND (directeur de la transition agricole chez Oxyane), Bastien SACHET (directeur de la fondation EARTHWORM), Jean-François VIAN (enseignant-chercheur en agronomie et consultant en agronomie) et François-Xavier Henry (co-fondateur et COO de l’entreprise Oé). Elle a été animé par Valentine NEYRET (consultante en agronomie)

Le 7 octobre 2025, le CLAS (centre d’agroécologie et systèmes alimentaires durables porté par l’ISARA) et ISARA conseil ont organisé une table ronde rassemblant quatre acteurs clés de la transition agricole autour de l’agriculture régénérative. L’objectif principal était de discuter et éclaircir ce concept multidimensionnel, souvent évoqué mais encore mal défini, et d’en évaluer les avancées et défis au regard des enjeux de terrain et des attentes sociétales.

Selon les principes qui l’ont fondé, l’agriculture régénérative apparaît comme une synthèse des pratiques agroécologiques, de l’agriculture biologique et de l’agriculture de conservation, avec une différence majeure : le passage d’un cahier des charges prescriptif à des objectifs de résultats mesurables. Santé des sols, biodiversité, réduction des intrants, intégration de l’élevage, couverture permanente du sol, sont ainsi suivis via un ensemble d’indicateurs opérationnels et validés scientifiquement par certaines structures. Cette approche flexible laisse à chaque agriculteur la liberté d’adapter ses pratiques, tout en s’inscrivant dans une trajectoire commune de régénération.

Pour les acteurs de la filière aval, notamment dans le domaine viticole avec la société Oé, l’agriculture régénérative est un levier concret d’amélioration de la résilience au changement climatique, tout en répondant à une demande croissante d’engagements et de transparence des consommateurs. Elle impose néanmoins des coûts supplémentaires, notamment une baisse de rendement temporaire estimée autour de 15-20% la première année, et un surcoût économique sur plusieurs années, ce qui complexifie sa valorisation commerciale aujourd’hui.

Du côté des coopératives, l’exemple d’Oxyane illustre la nécessité d’un accompagnement technique et financier conséquent, avec des efforts partagés entre agriculteurs, coopératives et entreprises de la chaîne d’approvisionnement. L’intégration de pratiques relevant de l’agriculture régénératives repose sur une gouvernance adaptée qui concilie les exigences de l’amont, la réalité du terrain et les objectifs commerciaux, avec le déploiement d’indicateurs communs comme ceux proposés par la fondation Earthworm dans l’outil Agriboussole.

Les différents intervenants ont souligné la complexité du passage à l’échelle, confronté à la diversité des territoires , des systèmes de production et à la pression économique des marchés. Elles ont aussi insisté sur la nécessité d’élargir la vision au-delà de la seule santé des sols, en intégrant des dimensions telles que la réduction des pesticides, la gestion de la biodiversité, l’autonomie énergétique et la résilience des exploitations. La question du financement pérenne, entre soutiens publics et engagement privé, est centrale pour assurer la durabilité des transitions engagées.

En conclusion, l’agriculture régénérative apparaît comme une voie prometteuse, porteuse d’un changement de paradigme, qui allie rigueur scientifique, dialogue multi-acteurs et créativité technique. Elle ne se substitue pas à l’agroécologie mais la complète en inscrivant une démarche collective d’objectifs à atteindre plutôt qu’un simple référentiel de pratiques prescrites. Son succès dépendra de la capacité à concilier ambitions environnementales, réalités économiques et attentes sociales dans le temps long de la transition agricole.  


Vous souhaitez en savoir plus ou solliciter l'expertise du Centre d'Agroécologie?

Retour en haut