La transition écologique renouvelle les pratiques d’approvisionnement en matières premières entre la production agricole et la transformation agroalimentaire (nouvelles cultures, cahier des charges, contractualisation…). Elle pousse les agriculteurs et les entreprises agroalimentaires à des changements organisationnels et sociaux profonds. Pour les rendre durables, il est important d’appréhender en quoi ces transitions écologiques impactent le travail dans les entreprises concernées.
Le projet ECTA vise à identifier les freins et les facteurs de succès de la transition écologique appliquée au sourcing dans les filières végétales. Il s’intéresse à ce qui se joue à l’interface agriculture‐agroalimentaire, là où se situent régulièrement les rapports de force. ECTA s’appuie sur un double questionnement : Comment une transition agroécologique des exploitations agricoles impacte le travail des entreprises d’aval ? Comment une transition écologique de ces entreprises de transformation impacte le travail des producteurs agricoles ?

A partir de l’analyse d’une vingtaine de cas d’entreprises agro-alimentaires de première transformation des filières du grain et des fruits qui se sont engagées d’une manière ou d’une autre dans une écologisation de leurs pratiques, ECTA a produit des connaissances sur les pratiques d’approvisionnement des entreprises, les liens entre les responsables d’entreprises et les agriculteurs, les modes de contractualisation et les dispositifs d’accompagnement des agriculteurs proposés par les entreprises. Un repérage des enjeux et des facteurs clés facilitant la co-construction de pratiques professionnelles « amont-aval » donnent à voir des réussites : environnementale, économique et sociale, à bénéfices réciproques.
Les principaux résultats du projet :
➜ Le travail n’est pas le moteur d’une transition écologique pour les entreprises enquêtées. L’amélioration des conditions de travail et l’écologisation de leurs pratiques sont deux dossiers travaillés le plus souvent en silos. On note une exception où l’écologisation inclut une évolution vers une gouvernance plus partagée.
➜ Trois formes de transitions sont opérées par les entreprises agro-alimentaires :
- Une transition ancienne et continue dans certaines entreprises certifiées AB ou à l’origine de filières locales
- Un changement radical récent par la volonté de dirigeant – qui interroge sur l’adhésion des salariés à la démarche
- Une transition hybride au développement industriel qui nécessite des compromis (importation de matière bio, création de filière écologisée mais marginale dans l’entreprise…)
➜ Les entreprises ne peuvent pas faire de transition écologique sans compréhension du travail agricole. Cela se traduit par des créations de postes d’interface entre agronomie et transformation et des formations.
➜ La volonté de relocaliser l’approvisionnement et de sécuriser les filières (en particulier face aux aléas climatiques) amène les entreprises à créer des liens étroits avec les producteurs et à les fidéliser. « Je recherche plus les producteurs que les clients » nous dit un dirigeant.
➜ Les exigences d’écologisation des productions agricoles de la part des entreprises modifient les relations des entreprises envers leurs fournisseurs. Elles s’intéressent au travail sur les fermes, renforcent leur accompagnement et dans certains cas sont les prescripteurs du travail
➜ la prescription du travail agricole par les entreprises passe soit par des normes ou certifications : (RSE 26030, Planet score, B Corp, PME+…) ou par un travail autour des pratiques (contractualisation, suivis des productions, construction du prix…)
➜ Certaines entreprises ont transformé les contraintes liées à l’écologisation (la traçabilité par exemple) en levier d’innovation porteur de réussite économique.

Cette étude a été conduite en partenariat avec Auvergne-Rhône-Alpes-Gourmand (Françoise Molegnana ), en partenariat avec l’ISARA, ISARA conseil (Valérie Demonte) et le CLAS (Hélène Brives), avec le soutien financier et l’appui de l’Aract dans le cadre de l’AMI « Ecologie et Travail ».
Pour en savoir plus : ECTA a organisé un webinaire de restitution de ses résultats le mardi 20 mai 2025. Un rapport final du projet sera disponible à l’été 2025 sur simple demande. Contact : vdemonte@isara.fr