Les 11, 12 et 13 Juin 2025 s’est tenu le congrès annuel du Groupe Français de recherches sur les Pesticides. Ce 53ème congrès regroupait la communauté scientifique impliquée dans des thématiques de recherches sur les pesticides autour de questionnements sur l’usage des pesticides dans le contexte de l’évolution climatique ainsi que sur la nécessité d’un changement de paradigme.
Le congrès a abordé de nombreuses problématiques autour des produits phytopharmaceutiques de synthèse, de leurs usages pour l’agriculture, de leurs devenirs dans les sols, l’eau, l’air, de leurs impacts sur l’homme, l’environnement, et les fonctions écosystémiques, des leviers pour la réduction de leur usage, et des trajectoires de transition agroécologique et sociétale.
Les journées d’échanges ont été riches, et ont permis une mise à jour des connaissances acquises par la communauté scientifique, intégrant à la fois les domaines des sciences expérimentales mais aussi des sciences humaines et sociales, autour des principales problématiques évoquées plus haut. Les thématiques ont été abordées au travers de quatre sessions, permettant d’alimenter les futures pistes de recherche et de favoriser les collaborations entre les différents acteurs (organismes de recherches, institutions, industrie, acteurs du territoire) :
- Suivi, outils d’évaluation, de modélisation et méthodologies innovantes dans l’analyse des contaminations aux pesticides.
- Toxicologie et écotoxicologie des pesticides : Exposition, dangers et évaluation des risques en santé humaine et des écosystèmes.
- Trajectoires de transition agroécologique et sociétale des usages de pesticides.
- Leviers territoriaux et partenariaux pour réduire l’utilisation, les transferts et les risques liés aux pesticides.
Une table ronde sur le devenir des pesticides en viticulture et maraichage en Occitanie à permis notamment de mettre en lumière les différences de problématiques en fonction des pratiques, des bioagresseurs émergents et de la gestion des conditions climatiques. Elle permettait de souligner d’une part l’urgence quant au manque de connaissances sur les bioagresseurs, leur cycle de vie en fonction du climat, créant d’importantes lacunes pour garantir la protection efficiente des différentes cultures ; et d’autre part le manque de solutions alternatives aux pesticides ou à d’autres substances qui sont menacées de retrait car problématiques comme le cuivre. Cette discussion a amené à un échange sur l’importance des fonctions écologiques dans les agroécosystèmes pour apporter les services de régulation mais également de production pour les cultures et donc ramener de la durabilité dans ces systèmes avec comme constat « que l’on pourra mettre tous les pesticides qu’on veut, on ne pourra pas rattraper la perte de services rendus par la nature ». La méthode ESR (Efficience – Substitution – Reconception) a été expliquée aux agriculteurs présents et présentée comme exemple de levier à mobiliser.
Des constats de contamination de tous les compartiments par les produits phytopharmaceutiques de synthèses ont été dressés, avec pour conclusion que l’on retrouve également la présence de produits qui ont été interdits des décennies auparavant. Cette persistance présente des risques pour la santé humaine, la faune et les écosystèmes. Les différentes études présentées soulignent également les défis posés par les produits de biocontrôle ou les métabolites secondaires, souvent insuffisamment étudiés.
Pour améliorer les outils de détection, de suivi et d’évaluation de la contamination environnementale par les pesticides, les travaux présentés montrent une convergence vers la standardisation des méthodes de détection et la quantification fine des flux de contamination, tout en cherchant à lier données analytiques et indicateurs de risque sanitaire ou écologique.
Les produits de biocontrôle ont été présentés comme des leviers essentiels de la transition agroécologique, mais nécessitent encore des progrès méthodologiques pour garantir leur traçabilité et leur efficacité.
Enfin la thématique trajectoires de transition agroécologique et sociétale des usages de pesticides avait pour objectif de comprendre et accompagner la réduction de l’usage des produits phytosanitaires à l’échelle des territoires et des systèmes agricoles. Cette thématique met en avant la co-construction de solutions avec les acteurs agricoles, l’importance de la donnée territoriale, et la nécessité d’intégrer les dimensions sociales et économiques dans les trajectoires de réduction des pesticides.
